Un livre passionnant !

À lire pendant l'été

 

by Francine Charrette  / Club-Culture

Les liens du sang raconte la captivante histoire de la famille toute puissante des Cuntrera-Caruana, une famille qui a créée sa propre mafia, accumulant grâce au blanchiment d'argent une fortune d'un demi-milliard de dollars. Un accès illimité aux transcriptions d'écoute électronique, aux rapports et aux photographies de surveillance policière, ainsi qu'à des entrevues réalisées avec des experts du crime ont permis aux auteurs de reconstituer les faits et gestes de ces êtres puissants et de montrer comment le Canada, sous leur emprise, est devenu le centre mondial du blanchiment d'argent et un refuge pour les agents du crime organisé. Dans un dénouement palpitant, le livre nous transporte dans une banlieue ontarienne cossue où la police canadienne réussit ce qu'aucune autre n'avait pu réaliser avant elle : arrêter Alfonso Caruana sous des chefs d'accusation reliés au trafic d'héroïne et de la cocaïne. Le respect des traditions est devenu légende quand il s'agit de parler des Italiens mafieux ». «Tout d'abord, la recherche méticuleuse des deux auteurs a permis de comprendre le clan. Le noyau de cette famille est soudé par le sang, son enveloppe externe est consolidée par les mariages, et le tout est lié par des couches de corruption, de cooptation et de complots criminels exécutés en commun. Le fouillis des liens de parent, après un siècle de mariages endogames et d'unions dont naissance à d'autres liens familiaux, est à peu près impénétrable»

« Les Rothschild de la Mafia. C'est ainsi qu'un journal italien décrivait en 1989 la famille mafieuse des Caruana-Cuntrera. Les générations suivant celle des patriarches de la famille Caruana-Cuntrera se sont mariés entre eux. Une endogamie dont on trouve peu de précédents dans d'histoire de la Mafia sicilienne. Une ressemblance étrange à celle de Rothschild sur son lit de mort, quand il ordonna à ses héritiers de se marier entre eux « de façon à ne pas diviser le patrimoine. » Leur puissance : le blanchiment d'argent et leur pénétration à l'intérieur des pays en soudoyant de grands politiciens, des dirigeants d'entreprises, des forces policières et des financiers, et ce, à travers la planète. Nous voyageons au Vénézuela, Caracas, Colombie, Panama, Suisse, Allemagne, Espagne, Angleterre, Miami et j'en passe. L'enchevêtrement inimaginable auquel Nicaso et Lamothe fait face dépasse l'entendement. D'une précision exemplaire, ce dossier porte une signature unique : celle de l'histoire et d'une réalité déplorable; le Canada, le paradis du crime. (pages 369-70 et 71).

Selon Ben Soave, de la GRC, souligne que le traitement accordé par le système judiciaire à Caruana est précisément ce qui attire les membres du crime organisé au Canada. « On entend toujours dire qu'une des raisons pour lesquelles ils veulent travailler au Canada réside dans cette perception de l'indulgence ou du laxisme de notre système judiciaire. » Dans le même article, Lee Lamothe, auteur de « Les liens du sang », exprime son accord avec cette opinion : « Si quelqu'un se demande pourquoi les membres du crime organisé ne craignent pas de venir au Canada, ils n'ont qu'à demander à Giuseppe Caruana. Il illustre à merveille la mollesse de notre système. » Que dire de plus que ce qui est énoncé clairement dans ce livre ? Le Canada joue un rôle crucial et indiscutable de la mafia dans le trafic de drogue et le blanchiment d'argent à l'échelle mondiale en plus d'être le refuge par excellence des membres du crime organisé. Et cette situation est loin de se résorber, au contraire ! Antonio Nicaso, un expert réputé du crime organisé, et Lee Lamothe, un auteur spécialisé dans les histoires criminelles racontent l'essor prodigieux des "Rothschild" du monde du crime, un essor qui emprunte le chemin du trafic planétaire de l'héroïne. Récit intelligent et passionnant d'une affaire véridique, ce livre fait monter d'un cran le genre policier sur les plans de l'intrigue et de la profondeur. Un livre passionnant ! À lire pendant l'été. Bonne lecture

June 2001